
Ma pratique se caractérise par son aspect impulsif et immédiat. Proche du dessin automatique, je ne prévois rien, n’effectue aucun dessin préparatoire, ne projette pas le résultat final.
Avec une certaine obsession pour le détail, mon dessin évolue au gré des images qui traversent mes pensées lorsque je trace. J’y conjugue créatures, figures, ornements… Chacun de ces éléments «mute» d’une forme à une autre, de manière non réfléchie. Des animaux qui se décomposent, des visages sans corps, des végétations qui se délitent et filent vers l’abstrait. De ces enchevêtrements, des mondes étranges émergent et s’expandent comme un rhizome.
Je tente par cette multiplication de détails et d’éléments, à amener le visiteur à s’arrêter et faire l’effort de décortiquer l’image. Qu’il s’y plonge, interprète, construise son récit en connectant ensemble les formes dessinées qui s’entremêlent. Les techniques de gravure corsent ce processus. Le trait entraînant une entaille, il devient alors irréversible, gravé dans le métal. A travers l’eau-forte, la pointe-sèche ou l’aquatinte, je tente de jouer avec les diverses possibilités graphiques et la part d’aléatoire qu’offre cette pratique.


C’est à chaque fois un beau défi pour moi de travailler en laissant une place prépondérante au hasard, de laisser le trait divaguer sur la plaque de métal, voir où il m’emmène et ce, par l’intermédiaire de techniques qui demandent pourtant une grande maîtrise et précision. Cela impute à ce mode de travail un aspect antinomique qui me captive particulièrement.